Témoignage écrit par la personne

Christine

J’ai eu deux faus­ses cou­ches. La pre­mière en février 2010 et la deu­xième en sep­tem­bre 2010. Nous sou­hai­tions un deu­xième enfant assez vite mon mari et moi et comme la pre­mière gros­sesse s’était pas­sée sans pro­blème et comme j’étais tom­bée enceinte très faci­le­ment, j’ai ima­giné que cela serait iden­ti­que pour la deu­xième gros­sesse.

Con­cer­nant la pre­mière fausse cou­che, cela est arrivé très vite. Quel­ques jours après l’absence de règles, j’ai fait un test de gros­sesse qui était posi­tif. Deux semai­nes plus tard, j’ai com­mencé à per­dre du sang. Arri­vée chez mon gyné­co­lo­gue, je n’ai pas été sur­prise qu’il m’annonce que la gros­sesse s’était arrê­tée. Je ne me sen­tais pas véri­ta­ble­ment enceinte, je n’avais aucun symp­tôme, pas de nau­sée, pas de fati­gue, pas d’écœu­re­ment, c’était très dif­fé­rent de la pre­mière gros­sesse. J’ai télé­phoné à mon mari et nous som­mes res­tés très posi­tifs. J’étais jeune et en bonne santé, il n’y avait pas de rai­son de s’inquié­ter.

La pre­mière réac­tion a été de se dire que la nature fait bien les cho­ses et que l’embryon avait cer­tai­ne­ment des ano­ma­lies. J’en ai uni­que­ment parlé à des amies pro­ches et à ma famille et belle-famille.

J’ai subi un cure­tage et n’ai pas eu plus de ren­sei­gne­ment con­cer­nant la cause de cette fausse cou­che. Les infir­miè­res, mon doc­teur, mon entou­rage étaient tous très bien­veil­lants et j’ai très bien accepté ce moment qui était cer­tes dou­lou­reux mais pas insur­mon­ta­ble.

Quel­ques mois après le cure­tage, je suis retom­bée enceinte. J’étais un peu angois­sée, je me suis dit que j’allais atten­dre les trois mois pour en par­ler autour de moi (sauf la famille et les amies pro­ches). Lors du con­trôle à deux mois de gros­sesse, tout allait bien, le cœur bat­tait à l’écho­gra­phie, on com­mence bien sûr à se pro­je­ter, on con­naît la date du terme et on s’ima­gine avec un bébé en plus et là, tout s’écroule quel­ques jours après le con­trôle. J’ai com­mencé à per­dre du sang un diman­che soir, j’étais très inquiète. Le len­de­main, après quasi une nuit blan­che pour aller véri­fier tou­tes les heu­res si le sang cou­lait tou­jours ou pas, j’ai été chez mon doc­teur. L’espoir était encore là, mais la tête qu’il a faite m’a ren­sei­gnée. Le cœur ne bat­tait plus. Cette fois c’était très dif­fi­cile à accep­ter, j’ai beau­coup pleuré. Pen­dant plus d’une semaine j’ai pleuré tous les jours. A la tris­tesse se mêlait l’incom­pré­hen­sion. Pour­quoi moi ? Aurai-je un jour un deu­xième enfant ? Avais-je un souci de santé ?

Le cure­tage s’est bien déroulé, tou­jours avec une équipe médi­cale gen­tille et com­pré­hen­sive. Ma famille m’a beau­coup sou­te­nue. Le doc­teur m’a dit qu’il ne pou­vait pas expli­quer cette fausse cou­che mais que beau­coup de fem­mes en avaient et que cela ne vou­lait rien dire pour la suite.

Pour cette deu­xième fausse cou­che, cela a été dif­fi­cile pen­dant les semai­nes sui­van­tes de voir des bébés ou des fem­mes encein­tes. Je me suis sen­tie vul­né­ra­ble et sur­tout très angois­sée d’ima­gi­ner peut-être ne plus avoir d’autres enfants, moi qui en vou­lais quatre !

Le sou­tien du mari est essen­tiel dans ces durs moments. On s’est dit qu’on n’allait pas s’achar­ner si une troi­sième ou une qua­trième fausse cou­che devait arri­ver. Et dès ce moment de lâcher prise, je suis tombée enceinte et tout s’est bien passé, heu­reu­se­ment. Pour les troi­sième et qua­trième gros­sesses aussi !

Je ne repense pas sou­vent à cette deu­xième fausse cou­che sauf lors­que cela arrive à des amies ou qu’on en parle et que je raconte, comme je le fais main­te­nant, le dérou­le­ment des faits. L’image qui me reste en tête est sur­tout le désar­roi que l’on éprouve. Mais je n’ai pas vécu le cure­tage comme un évé­ne­ment par­ti­cu­lier, c’est sur­tout l’annonce que la gros­sesse s’est ter­mi­née qui a été pour moi le plus ter­ri­ble et le plus dou­lou­reux. Ce moment de bas­cule où quel­ques ins­tants aupa­ra­vant on se dit que le bébé vit peut-être encore et le moment de l’annonce où l’on n’a plus rien à faire.

Je n’ai pas vrai­ment une méta­phore à pro­po­ser, mais sur­tout l’image d’une femme qui sen­tait deux cœurs bat­tre en elle et qui tout d’un coup n’en sent plus qu’un.

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